Comme tout le monde, vous n'avez pas pu vous empêcher de regarder la vidéo... Ou du moins de lire dans la presse ou encore de voir à la TV des journalistes en parler. Qu'en pensez-vous? Quelle a été votre réaction?
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Je baisse les yeux, en me mordant les joues au sang pour ne pas leur lancer un énième regard colérique. Ils parlent, s'horrifient et me regardent comme si j'étais un monstre. Stupides, ils sont stupides. Pourquoi ne comprennent-ils pas ? Comment apprendre sans faire d'expérience ? Comment savoir sans voir par moi-même ? Je ne suis qu'une enfant et je sais déjà cela, pourquoi ne comprennent-ils pas quelque chose d'aussi simple et évident ? Ce n'est pourtant rien, ce n'est pas comme si j'avais commis un vol ou un meurtre... mais elle a peur de moi je crois, et lui, médecin de pacotille, lui qui devrait se rendre compte de l'importance et de l'intérêt de tout ça, semble aussi effrayé et révolté qu'elle.
Des larmes jaillissent de mes yeux sans même que j'y pense, en tombant à genoux et je me mets à pleurer en gémissant et en demandant pardon. Je sais que j'ai eu tort, mais tout ça, c'est trop, trop pour moi, ma mère me manque, ils sont méchants au collège avec moi, et moi, moi, je n'y arrive pas, je ne sais pas comment faire...
Sauf que ça n'arrive pas, j'aimerais leur montrer tout ceci, pour qu'ils cessent de me regarder ainsi, pour ne plus avoir cette colère inutile, pour ne plus avoir à faire semblant. Je les regarde et peu à peu, dans leurs regards, l'horreur est remplacée par de la gêne et le tourment. Je ne comprends pas pourquoi, je ne pleure pas vraiment, pas vrai ?
Si ce n'est que Silje me prend finalement dans ses bras les larmes aux yeux et me serre contre elle, avant de m'emmener au loin, avant de me proposer un chocolat chaud et un muffin pendant que l'on parlera. Mais lui fronce encore les sourcils en me regardant, avant de reporter son regard quelques secondes sur mon travail. Je tourne la tête pour le regarder alors que ma si douce grand-mère me dit que ça ira, que cela s'arrangera, et je le vois saisir une pince et repousser les intestins et autres organes vers le corps de l'animal, avec une moue dégoûtée. N'est-ce pas ainsi que les hommes ont découverts tout ce qu'ils savent aujourd'hui sur l'anatomie et les systèmes ? Quel mal y a-t-il à cela ?
Je grimace, mais au final, j'ai vu ce que je voulais voir. C'est ennuyeux tout cela. La prochaine fois, il faudra que je regarde le cerveau. C'est de la que tout part n'est-ce pas ? C'est bien que qui fait fonctionner tout le reste ? Ce ne sera pas facile de l'immobiliser, mais il ne pourra pas être déjà mort, sinon, je ne pourrais rien voir... je ne sais pas si c'est possible... Peut-être avec un animal plus petit ? Un chat plutôt qu'un chien peut-être ?
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Je pourrais dire que je suis vide et que je n'arrive pas à ressentir quoique ce soit, mais ce serait faux. Je n'essayerais même pas de dire que je suis horrifiée ou désolée, ce serait pire. Je suis heureuse. Et plutôt fière de moi. L'enseignement a été utile. Encore heureux en vérité qu'il ait servi à quelque chose. Je n'aime pas souffrir inutilement, mais vraiment pas, et ces dernières années ont été plus que douloureuses et difficiles. Oui, pas forcément pour moi je le reconnais. Mais ça, c'était les parties amusantes et distrayantes. Mais ça n'a vraiment pas été une sinécure pour autant, loin de là. Que j'ai aimé tout ce que j'ai appris et fait n'enlève rien à la difficulté de l'exercice.
Quoiqu'il en soit le résultat est à la hauteur du travail fourni. Il n'a pas précisé, il n'a rien dit de plus, je pouvais donc choisir la manière de procéder non ? Et ça, ça, c'est vraiment cool. C'est dingue comme l'esprit peut faire faire des choses.
Je la regarde se débattre en reculant alors que sa fille morte depuis des années maintenant lui reproche tout ce qu'elle ne m'a jamais dit. Mais je sais. J'ai vu la lettre laissée par... ma mère, son dégoût et son aversion. Incapable de faire quoi que ce soit. Pauvre petite chose incapable de se remettre, incapable d'avancer, incapable pour autant de mettre ses menaces à exécution. Oh, si, elle a bien avoué dans sa lettre sa tentative de m'étouffer alors que je n'étais qu'un bébé. Mais ma chère grand-mère l'en a empêché et a veillé sur moi par la suite. Alors à défaut d'autre chose, ma mère a mis fin à ses jours. D'une tristesse pathétique.
Alors même si ça me demande encore trop d'efforts, j'arrive à créer ma mère. Dans toute sa folie et son ineptie. La faire se décomposer quand elle avance vers Silje est délicat, mais la tête de ma grand-mère mérite cette délicate attention. Serais-je capable un jour de produire également des odeurs ? Ça, ça serait super classe. Et elle recule encore et toujours, avant de tomber à genoux en secouant la tête, m'appelant à l'aide et essayant de tenir ma mère a distance.
Vais-je être obligée d'utiliser le couteau ? Ça me dérangerait un peu, j'aime beaucoup mon pouvoir, même s'il n'est pas offensif, ce serait chouette de pouvoir m'en servir avec différents issues et buts, pour prouver que je suis aussi efficace que l'autre idiot pyromane par exemple. Ah ! Je souris en voyant ma grand-mère tomber en se tenant la poitrine. Certes, ce n'est pas aussi rapide, ou même tangible, que d'autres choses, mais le résultat est là non ?
Je m'approche vers elle, alors que sa respiration ralentit, avant de cesser totalement. J'attends quelques secondes supplémentaires, avant d'aller ranger le couteau et de m'emparer du téléphone, pleurant et gémissant alors que les secours répondent enfin.
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Mes doigts tapotent sur le plan de travail alors que les autres tentent de poursuivre l'expérience demandée par le professeur. Je retiens un profond soupir, levant tout de même les yeux au ciel. Il n'y a rien de compliqué, c'est de la simple logique. N'est-ce pas cela la médecine ? De la cohérence, de la rigueur et du travail. Cela promet des médecins formidables s'ils luttent d'ores et déjà pour apprendre quelques processus de l'hypophyse... Certes le fait que je m'y sois intéressée depuis longtemps doit jouer dans les connaissances que j'ai déjà. Je me suis demandée durant un temps, si mon pouvoir ne venait pas de là, tout bêtement. Oui, c'est plus compliqué que cela... plus frustrant dans un sens pour moi étant donné qu'il n'y a pas vraiment d'explication rationnelle.
Mais pour en revenir au présent, je suis affligée ou peu s'en faut de leur incapacité.
« Mademoiselle Rønning, si vous vous ennuyez, aider vos camarades, cela évitera de gaspiller votre temps. »Je hausse un sourcil. Ah, j'ai dû soupirer finalement.
« Et si je n'en ai pas envie ? »Il relève les yeux vers moi et me dévisage.
« Alors cessez de vous plaindre et de taper sur cette pauvre table s'il vous plait. Vérifiez vos résultat. Et vous resterez à la fin du cours, nous parlerons. »Dois-je répondre que j'ai déjà vérifier les résultat. Deux fois. Et il le sait bien. Je pianote sur mon téléphone, m'attirant un regard de reproche de sa part. Je fais la moue sans cesser pour autant.
Et le cour se termine. Dieu soit loué. Ou dois-je dire Bael moi ? Il faudrait que je demande tiens. Enfin, qu'importe, c'est fini et tout le monde se lève. Sauf moi.
« Mademoiselle Rønning, votre comportement est indélicat, voir déplacé. Vous devriez mettre à profit vos talents pour aider vos collègues et non pour les insulter à mots couverts. »Je me lève alors qu'il parle, allant fermer la porte à clef, avant de revenir vers lui en haussant les épaules.
« S'ils ne savent faire eux-mêmes, il est inutile de leur mâcher le travail et s'ils sont trop sots pour comprendre quelque chose d'aussi facile, à quoi bon s'entêter à vouloir faire de telles études ? »J'avance toujours vers lui et m'assois sur le bureau. Je souris alors que son regard remonte lentement le long de mes jambes.
« La même question me vient encore et toujours Kyara... Tu n'as pas besoin de ça, tu es la meilleure étudiante que j'ai eu depuis des années... Alors pourquoi ? »Je me penche en décroisant les jambes et défait les premiers boutons de sa chemise.
« Et ma réponse sera encore et toujours la même Tom. Tu es brillant. Tu es séduisant. Tu es intéressant. Que faut-il de plus ? »Mes lèvres rejoignent les siennes. Je ne sais s'il cherche vraiment à refuser à chaque fois. Toujours est-il que je gagne à chaque fois.
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Je fronce les sourcils en observant le spécimen que j'ai sous les yeux. Je me mordille la lèvre, me concentrant alors que j'extrais la glande pinéale. Peut-être les examens approfondis révéleront quelques chose de plus. Mais là, de cette autopsie, je ne retire ni n'apprends rien de nouveau. C'est frustrant. Certes, je ne pensais pas découvrir un scoop, cela ferait longtemps qu'ils auraient été découverts par les humains s'il était si facile de les différencier, mais quand même...
Je relève les yeux et esquisse un sourire en voyant Jaana. Jaana Raulne qui m'a recruté à peine sortie diplômée de la fac, avec ou sans l'aide de Tom. Enfin mes résultats et mémoires étaient suffisamment éloquents je suppose pour attirer l'attention vu que ce n'est pas la seule offre que j'ai reçu. Alors pourquoi m'enterrer dans un trou comme Valhöll me demanderez-vous ? Eh bien, CNRB est l'un des instituts de recherches scientifiques les plus prometteurs que j'ai pu trouvé... Et puis surtout, Baël m'a poussé vers eux, alors je n'ai pas réfléchi. Et il avait raison forcément, comme toujours.
Il ne m'a pas fallu longtemps pour aller plus loin que la simple vitrine propre et nette qu'ils affichent. Gagner sa confiance a été assez facile au vu de mon investissement et de notre ressemblance sur certains points. Elle est intelligente, extrêmement, et sincèrement, je l'admire. Même si elle est embourbée dans un mariage tellement stupide que je ne comprendrais jamais. Mais passons ces détails. Le véritable intérêt de CNRB se trouve en sous-sol, soigneusement caché aux yeux de tous. Des recherches et expérimentations sur de tout autre créature. Des bêtes à poils et à crocs. Je dois avouer que je n'ai jamais autant aimé mon travail. Voir leurs limites, les dépasser, les tester, les torturer et recommencer... M'amuser pour le bien de la science est tout simplement fantastique.
« Il me faut un spécimen vivant si tu veux que je puisse voir l'incidence de hormones. » Elle ouvre la bouche et je secoue la tête. Je sais ce qu'elle va dire. J'en ai déjà eu. Je les pensais plus solides que ça en vérité, ils lâchent tellement vite, c'en est presque décevant.
« Sous forme de loup. Il faut qu'on puisse le garder sous forme de loup pour que l'on puisse voir... Le garder plus longtemps vivant sous forme lupine je veux dire. On doit pouvoir trouver quelque chose. »Je retire mes gants et mon masque, jettant le tout à la poubelle avant de laisser le corps et de la rejoindre. Je luis souris.
« Mais tu m'as promis une soirée entre filles ce soir, tu te souviens ? Et je ne veux rien savoir. Philippe comprendra ! »Ou pas. Quoiqu'elle travaille moins bien quand elle est trop préoccupée... Il faut croire que le désordre ne réussit pas tout le monde...